j'ai décroché...
alors qu'une coupure de ligne téléphonique et de connection internet, depuis deux jours
me joue des tours, j'ai aussi envie de la remercier de m'avoir offert une paix royale !
un joli livre s'est intercalé dans mon emploi du temps;
un petit traité charmant sur la pluie
histoire de trouver une transition avec tous les posts précédents
histoire de voir le temps d'ici autrement !
je vous livre qq lignes de ce livre dont je me suis délectée
collection les petits traités aux éditions ramsay de martin Page "De la pluie"
"La pluie porte en elle les gènes de l'enfance. nous nous aspergions avec un jet, sautions dans les flaques et organisions des batailles d'eau.
Bien sûr car il parait que nous sommes adultes, nous jouons les agacés quand en feignant une maladresse, nous frappons du pied dans une rigole. En vérité, les éclaboussures nous enchantent; tant pis pour le pantalon et les chaussettes. L'enfance tombe du ciel; en secret nous nous autorisons à être des souillons".
"...seuls les pas suggérés par nos sentiments sont déterminants. Nous composons avec nos talons des musiques qui viennent du ciel. Faire pleuvoir exige de bonnes chaussures ..."
"nous avons oublié le caractère extraordinaire de la pluie; les nuages sont des masques; ils décuplent nos capacités d'imagination. toutes ces merveilles se trouvent dans ces hauteurs inatteignables, les gouttes en portent le soupçon et nous renseignent sur le contenu de cette vaporeuse chambre secrète"
"les mille doigts des précipitations se posent sur un clavier de mille touches; On trouve le rythme de la pluie en aimant, en rêvant, en mangeant. il s'inscrit dans notre concentration et participe à la création. Les histoires s'écrivent par temps de pluie....Rimbaud cessa d'écrire en quittant le nord de la france pour le désert; citons aussi proust et flaubert en normandie. seuls les peintres survivent au soleil : ils le capturent grâce aux pigments floraux de leur peinture, et aux poils animaux de leurs pinceaux. Les peintres sont des êtres de la lumière et de la terre; les écrivains sont des créatures de l'océan..."
"la majeure partie de l'eau sur terre est salée, et pourtant, la pluie est douce. le sel est resté en hauteur pour un usage inconnu. peut être colore -t-il les nuages ?"
"on dit la pluie tombe. et personne ne voit le drame derrière cette banale constatation. est ce un accident ? on ne le saura pas. en tous les cas, la pluie ne se relèvera pas; elle a glissé dans le précipice, de si haut, on ne peut pas la sauver. la seule chose à faire est d'être là, qu'elle tombe sur nous, sur notre peau souple, plutôt que sur le sol. j'écarte les mains, lève la tête et la reçois. elle meurt dans me bras, contre ma poitrine, sur mon visage. je sers sa dépouille contre moi, et l'embrasse une dernière fois.